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26 juin 2010

Effet anti-obésité du resvératrol, une molécule dérivée du vin

resveratrolLe resvératrol est une molécule de la famille des polyphénols, présente dans le vin rouge ainsi que dans plus de 70 végétaux (raisin, arachide, cacao, etc.). Le Figaro rapporte les résultats d'une étude, publiée par une équipe française dans « BMC Physiology », qui montre qu'une supplémentation en resvératrol réduit considérablement la prise de poids de petits primates (pesant une centaine de grammes) pendant la période hivernale. Grâce à un régime riche en resvératrol, « la prise de poids, habituellement d'un gramme par jour à cette période, a été divisée par cinq », révèlent les chercheurs dans le quotidien.

Ou trouve t’on le resvératrol ?

Dans les vins rouges, mais aussi dans plus de 70 végétaux dont le raisin, l'arachide ou encore le cacao, le resvératrol n'en finit pas de passionner et d'étonner les chercheurs. En effet, il faut savoir que cette molécule est aussi très étudiée dans le vieillissement et les maladies cardio-vasculaires. En une vingtaine d'années, cette molécule qui appartient à la grande famille des polyphénols a déjà fait l'objet de plus de 3 300 publications scientifiques, répertoriées dans la base de données Medline. D'abord, pour ses propriétés anti-oxydantes, protectrices contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers. Le resvératrol apporté par la consommation régulière de vin serait l'une des explications biologiques au paradoxe français, cette contradiction apparente entre une faible mortalité cardio-vasculaire et un régime riche en graisses et sauces. D'autres travaux ont aussi mis en évidence des bienfaits sur la longévité, les affections neurodégénératives, le diabète, l'obésité… Communs aux polyphénols, ces effets seraient puissants avec le resvératrol.

Etude française publiée dans la revue BMC Physiology

La dernière étude, publiée cette semaine par une équipe française dans la revue BMC Physiology, apporte des données inédites chez des primates, en montrant qu'une supplémentation en resvératrol réduit considérablement leur prise de poids en période hivernale, par une augmentation des dépenses énergétiques et un effet coupe-faim. Jusqu'ici, la plupart des travaux avec le resvératrol avaient porté sur des rongeurs rendus obèses par des manipulations génétiques ou un régime hypercalorique. L'équipe de Fabienne Aujard (CNRS, Museum national d'histoire naturelle, Brunoy) a choisi d'étudier des microcèbes, des petits primates d'une centaine de grammes dont la physiologie est très particulière. Ces lémuriens ont un rythme saisonnier marqué, ils doublent quasiment leur poids en hiver grâce à un stockage progressif de graisse. Ils sont par ailleurs hétérothermes, c'est-à-dire que leur température interne peut diminuer fortement, ce qui est aussi une source d'économie d'énergie. D'une longévité de huit à dix ans, ces animaux sont un modèle de plus en plus utilisé par les chercheurs pour étudier le vieillissement, en particulier cérébral.

Des résultats probants 

Pendant quatre semaines, à la saison où ils ont naturellement tendance à stocker des graisses en vue de l'hiver, six microcèbes ont été soumis à un régime riche en resvératrol: 200 mg/kg/jour, une dose a priori bien supérieure à ce que consomme normalement un humain. Leurs poids, température corporelle, apports et dépenses énergétiques ont été soigneusement surveillés.

Les résultats sont très probants. «La prise de poids, habituellement d'un gramme par jour à cette période, a été divisée par cinq», raconte Fabienne Aujard. Une balance faiblement positive qui s'explique par un accroissement net des dépenses énergétiques (augmentation de 29% du métabolisme au repos notamment) et une diminution des apports caloriques (de 13%, à partir de la troisième semaine). Les chercheurs ont aussi relevé de moindres variations de la température corporelle des microcèbes, sans diminution de leur activité physique, alors qu'ils sont habituellement sujets à la torpeur. «Nous nous attendions à l'augmentation des dépenses énergétiques, qui a déjà été décrite chez les souris, Ce qui nous a surpris, c'est l'effet sur la satiété, de type coupe-faim, qui lui n'était pas connu», insiste Fabienne Aujard.

Le travail des chercheurs de Brunoy est loin d'être achevé. Avec ces mêmes primates, ils étudient les effets à long terme du resvératrol sur les pathologies liées à l'âge et la longévité de ces animaux.

Effet coupe-faim 

«Ces résultats sont intéressants, en particulier l'effet coupe-faim, mais il faudrait savoir si celui-ci existe avec des doses plus physiologiques de resvératrol», observe le Pr Norbert Latruffe (unité Inserm 866 «lipides nutrition et cancers», Dijon), qui travaille sur les mécanismes intimes d'action de ce polyphénol, notamment dans le domaine de l'inflammation et de la cancérogénèse. Le Pr Johan Auwerx, de l'École polytechnique fédérale de Lausanne, salue lui aussi ces travaux sur un modèle de primates. «C'est un pas de plus vers l'homme», souligne-t-il. Il y a quelques années, ce chercheur avait établi que les propriétés antidiabète et antiobésité du resvératrol sont liées à l'activation d'une enzyme (sirt1) de la famille des sirtuines. En fait, le resvératrol agit en stimulant les mitochondries (centrale énergétique de la cellule), l'organisme se met donc à brûler ses réserves.

Après cette découverte, le Pr Auwerx a identifié une molécule de synthèse, le SRT 1720, sorte de super-resvératrol dont les résultats ont été spectaculaires chez des souris. Des activateurs de sirtuines sont désormais à l'essai chez l'homme dans plusieurs pathologies dont le diabète et les maladies cardio-vasculaires. Plutôt que des molécules thérapeutiques, le Pr Auwerx cherche désormais à concevoir un complément nutritionnel à base de resvératrol. Mais il est encore loin d'être prêt. «La composition finale n'est pas encore fixée. Et avec la nouvelle réglementation européenne sur les alicaments, le développement promet d'être quasiment aussi long que celui d'un médicament», soupire le chercheur.

Pour aller plus loin : Articles source ici, ici, ici et + Article sur la progression de l’obésité en France + Composant du raisin possédant des vertus anti-inflammatoire ici.

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