Autisme : forme extrême du cerveau masculin ?
Dans son étude "The extreme male brain theory of autism". Trends in Cognitive Sciences, 6, 248-254, Baron-Cohen S. caractérise le cerveau masculin par la "systémie" et le cerveau féminin par l'empathie". Le cerveau féminin est capable d’identifier les affects et pensées d’une autre personne et d’y réagir de manière appropriée, tandis que le cerveau masculin, plus systémique, utilise des règles de corrélations de types « si-alors », qui suppose un cadre fiable d’associations, générant des résultats prédictibles : « Si je fais x il arrivera y ». Ce processus nécessite une attention minutieuse aux détails. Ces deux actions sont selon lui opposées, l’une faisant appel à l’imagination, l’empathie (avec peu de données réelles, concrètes, la femme se projette pour deviner presque ce que l’autre ressent), tandis que l’homme s’appuierait sur des éléments concrets et possèderait une sorte de système mathématique de déduction.
Il décrit ainsi 5 types de cerveau : le cerveau féminin, type « E » pour lesquels la faculté d’empathie est plus développée que celle de « systémisation » (E>S), le cerveau masculin, type « S » pour lequel on observe un rapport E<S inversé, le cerveau « équilibré » ou le rapport est sensible égal, le cerveau féminin extrême ou E>>S et enfin le cerveau masculin extrême ou le rapport est S>>E. Même s’il observe des femmes de type S et des hommes avec un cerveau plutôt de type E, son étude met en évidence une prédominance d'hommes possédant effectivement les caractéristiques du cerveau de type S et de femmes de type E. (Cf. article sur le rôle de la culture et de la biologie dans ces différences publié demain)
Or les personnes atteintes d’autisme débutent leur processus d’apprentissage par une observation des détails et cherchent bien souvent à « systémiser », classer leur environnement, car c’est dans cette technique qu’ils excellent. A l’inverse le contexte linguistique et la parole humaine, remplis de signifiants subjectifs qui dépendent de l’intention du locuteur (et demande donc un minimum d’empathie) leur est presque étranger. Les activités sociales et de communication s’en trouvent donc souvent réduites, voire inexistantes.
L’équipe de Baron-Cohen a ainsi établit de grandes similitudes entre un fonctionnement extrême du cerveau masculin et l’autisme. Ils ont par ailleurs des données sur le réseau neuronal de l’ « empathisation » (Baron-Cohen et al. 1999c : 1891-1898)(Qu'est-ce qu'un réseau neuronal artificiel ici).En revanche, leur connaissance du réseau neuronal de la « systémisation » est actuellement réduite. Il faut donc espérer que les recherches permettront bientôt de découvrir les régions cérébrales clés impliquées dans cet aspect de la cognition.
Pour aller plus loin :
Développement du cerveau et troubles de l'apprentissage ici.
Cerveau droit, cerveau gauche les différences hommes/femmes ici.
Pour rire un peu là.